Perspectives autochtones sur l'économie circulaire

Balance

Rédigé par Star Horn, artiste Kanien'kehá:ka

Équilibre
Depuis des millénaires, la circularité représente un mode de vie pour les peuples autochtones dans le monde entier. La rotation des cultures, les pratiques durables de chasse et de cueillette, ainsi que le recyclage font partie depuis longtemps de notre mode de vie ancestral. L’économie circulaire n’a jamais été envisagée comme un concept à part, mais plutôt comme un véritable mode de vie. Le monde naturel, communément appelé « l’environnement » de nos jours, n’est pas perçu comme une entité distincte, mais plutôt comme un aspect relié à un tout.

La roue de médecine
La roue de médecine peut être décrite en un seul mot : équilibre. Les roues de médecine représentent l'interaction continue entre les réalités physiques, émotives, mentales et spirituelles. Sa forme circulaire représente l'interconnectivité de toutes les dimensions d’un être vivant, y compris son lien au monde naturel. En tant qu'êtres humains, nous devons nous considérer comme liés au monde naturel, et dépendants de lui, et non pas en position supérieure ni en contrôle de ce monde.

Deux mains s’échangeant des semences
L’inspiration pour cet élément de l’œuvre provient des femmes autochtones de la région de Talamanca au Costa Rica qui ont fondé une association où « des plantes médicinales et des variétés de semences indigènes locales sont cultivées et échangées, créant ainsi des foires d’échange locales entre les familles et les communautés, ce qui renforce la souveraineté alimentaire et la sécurité ainsi que la résilience de la communauté face aux chocs externes. Un système ancré dans la réciprocité et l’autosuffisance. »1 Par ailleurs, cette association offre également aux femmes une formation en agroforesterie par rotation et régénérative. Ces concepts sont universels pour les peuples autochtones et ils devraient être pris en considération plus souvent. Les semences font place aux racines, aux remèdes et aux aliments. À leur tour, ces plantes laissent tomber davantage de graines, et le cycle se poursuit. 

La chaîne
Une chaîne circulaire renforce cette philosophie de l’interconnectivité. Les humains font partie de cette chaîne aux côtés du monde animal et naturel. Un chaînon manquant le long de cette chaîne nous affaiblit tous.

Des arbres le long d’arbres abattus, et des poissons aux côtés de squelettes de poissons
Les deux symbolisent une utilisation réfléchie. Un usage suffisant assurant leur durabilité, et non un épuisement de ces ressources, ce qui entraînerait un déséquilibre au sein de la nature. Le principe de la septième génération s’appuie sur une ancienne philosophie Haudenosaunee (iroquoise) voulant que les décisions que nous prenons aujourd’hui doivent assurer un monde durable pour les sept prochaines générations.

L’eau avec une digue de castor
Placée sous la roue de médecine, la digue de castor illustre l’importance du castor au sein des écosystèmes naturels. L’instinct naturel du castor est de bâtir sa demeure en abattant des arbres et en créant des digues naturelles dans les cours d’eau. Le castor a souvent été perçu à tort comme une nuisance tout au long de l’histoire, mais les environnementalistes comprennent maintenant comment les étangs augmentent les débits des cours d'eau qui s'assèchent de manière saisonnière, en emmagasinant le ruissellement pendant la saison des pluies, faisant ainsi monter le niveau de la nappe phréatique. On a constaté que les digues de castor créent des habitats présentant une abondance de flore et d’herbes formant des aires de nidification pour plusieurs types d’oiseaux. Il s’est avéré qu’elles avaient également un impact positif sur les populations de truite et de saumon. Il s’agit là d’un exemple de la circularité de la nature.

Récemment, j’ai lu une histoire à propos du triste sort du fleuve Colorado. En expliquant comment l'interférence de l’homme avait initié une sécheresse du fleuve, l’expert local avait employé le terme « desservir », dans le sens de « ce fleuve dessert 4 millions de personnes ».

Curieusement, en français, les éléments de la nature se définissent souvent comme des éléments inférieurs aux éléments humains, ce qui renforce une vision du monde où la nature est séparée, et même inférieure, à l’homme. Ce fleuve ne doit pas nous « desservir ». La vision du monde autochtone nous montre que nous devrions être suffisamment reconnaissants pour le traiter avec respect afin qu’il se préserve et préserve nos vies.

Le caribou, les arcs et les flèches
Le caribou, les arcs et les flèches représentent les pratiques durables de chasse des peuples autochtones. Il est pratique courante de « remercier » à la fois l’animal et le Créateur lorsqu’on prend la vie d’un animal. Il nous revient alors d’utiliser toutes les parties de l’animal (pour de la nourriture, des vêtements, des outils) afin de préserver la durabilité du monde naturel.

Nia:wen (Merci!)

sh


1 Source : https://www.youtube.com/watch?v=J8BCScMJOUw