Aperçu compensation carbone : Réfection du tunnel LHL

Tunnel LHL

Par Nahid Salem, coordonnatrice environnement et développement durable

En 2020, Renouveau La Fontaine (RLF), un consortium composé de Pomerleau, Eurovia QC et Dodin QC, a remporté le contrat conception-construction-financement pour la réfection majeure du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine par le ministère des Transports du Québec (MTQ). Inauguré en 1967, le tunnel relie l’île de Montréal à la Rive-Sud. Chaque jour, près de 120 000 véhicules y circulent, dont 13 % de camions, ce qui en fait la traversée entre la Rive-Sud et Montréal la plus fréquentée pour le transport de marchandises. En tant qu’artère importante pour la mobilité des personnes et des marchandises au Québec, le maintien et l’optimisation de l’exploitation de cette infrastructure ainsi que la sécurité des usagers est primordiale.

Le projet inclut entre autres des réfections structurales majeures à l’intérieur du tunnel, l’ajout d’enrochement au-dessus du tunnel pour maintenir l’infrastructure au fond du fleuve, la reconstruction sur 35 km de chaussée en béton sur l’autoroute 25, et l’ajout d’une troisième voie à l’autoroute 20 comme voie réservée aux autobus.    

La carboneutralité au rendez-vous

Les impacts environnementaux d’un projet d’une telle envergure sont nombreux, incluant notamment son empreinte carbone. C’est notamment pour cette raison que les travaux seront réalisés suivant un objectif de carboneutralité.

Les émissions directes et indirectes du projet seront prises en compte pour comptabiliser le bilan carbone. La consommation énergétique des roulottes de chantier, la consommation de carburant de la machinerie, des équipements fixes et mobiles et des véhicules RLF représentent les sources d’émissions directes qui seront considérées. Par ailleurs, le transport des matériaux de construction vers le chantier, le transport des employés et sous-traitants entre les différents secteurs du chantier et le transport des matières résiduelles, de matériaux de démantèlement et de déblais hors site seront aussi inclus dans le bilan. Tout au long du processus, la vérification du bilan carbone des travaux se fait conformément à la norme ISO 14 064-3, une norme internationale pour assurer la validation et vérification des déclarations GES par une tierce partie externe accréditée.

Selon les données actuellement disponibles, les émissions des GES pour la période de janvier à juillet 2021 sont de 2 051 tonnes CO2 eq. Pour mettre ce nombre en contexte, ces émissions générées représentent 8 303 563 km parcouru par un véhicule moyen ou 249 732 353 charges de téléphones intelligents. À l’inverse, 2 513 acres de forêt sont requises pour séquestrer cette quantité de carbone pendant un an.

Comme les données le démontrent, atteindre la carboneutralité sera tout un défi. Pour s’y rendre, RLF a mis en place plusieurs initiatives de réduction des GES, dont l’utilisation d’une flotte de véhicules hybride (60 %) et électrique (40 %) avec bornes de recharge au chantier, une cible de valorisation de 80 % des matières résiduelles, la réduction au maximum du déboisement du site, l’implantation d’une politique coupe moteur et des formations d’écoconduite offertes aux employés. Outre ces mesures, le projet met de l’avant un système de gestion environnementale certifié ISO 14 001 ainsi que plusieurs mesures pour protéger la faune et la flore avoisinante.

Pour l’instant, les solutions précises de compensation n’ont pas été sélectionnées. À la clôture du projet et une fois le bilan carbone complété, deux pistes de solutions, soit la compensation par la plantation d’arbres et l’achat de crédits carbone, seront évalués. Pour assurer une compensation réelle, RFL s’est engagé à consulter le MTQ sur des opportunités de compensation en privilégiant les initiatives situées au Québec et à l’intérieur du Western Climate Initiative, l’organisme qui coordonne l’échange de droits d’émissions entre le Québec, la Nouvelle-Écosse et la Californie.

Bien évidemment, l’effort de comptabilisation du bilan carbone dans ce projet s’aligne étroitement avec la priorité stratégique dédié à la lutte aux changements climatiques de Pomerleau. Un des premiers dans le portefeuille de projets chez Pomerleau à viser la carboneutralité, le projet de réfection majeure du tunnel LHL ne sera surtout pas le dernier. Vivement l’adaptabilité et l’innovation pour façonner un avenir durable!